Exercice n°10 : Faites du bien à votre esprit

Pour commencer la semaine, je vous propose de vous faire du bien et d’en faire à votre entourage. Bien sûr chacun[1] a mis en place quelques garde-fou pour éviter les nuisances physiques dûes à la sédentarité, et certains se sont même mis à une pratique assidue de sport et à une alimentation plus saine que d’habitude.
Mais qui a pensé à se faire du bien à l’esprit ? A le dorloter, le caresser ? C’est pourtant lui  qui va vous permettre de traverser cette tempête sain et sauf.

Nous constations en riant, une amie et moi, qu’elle était devenue très grossière par ces temps de crise, exaspérée qu’elle était par les irresponsabilités des uns et des autres. Elle (mon amie) est la personne la plus bienveillante et la plus attentive à l’autre qui soit, et ses jurons en étaient rendus presque comiques. Mais ils le sont rarement, et le stress engendré par la situation les fait pourtant fleurir.
On peut avoir l’impression, après avoir lâché une bordée d’injures au ciel, de s’être soulagée. Mais contrairement à l’imagerie populaire, la colère n’est pas quelque chose que l’on stocke en soi et qu’il faut « laisser sortir ». La colère est fabriquée à la demande, et les mots que l’on utilise la nourrissent. Et une fois prononcés, ils flottent dans l’air comme une poussière nocive et longtemps irritante.

Si cela est – presque – évident concernant des mots délibérément toxiques, cela peut l’être moins pour des mots plus communs, et encore moins quand ils sont utilisés dans une forme négative.

Démonstration : lisez la phrase qui suit à haute voix, puis fermez les yeux et laissez la « atterrir » :

« ça va pas mal »

Que reste-t-il ? Quelle sonorité résonne dans votre tête ? « Mal », non ? Et comment vous sentez-vous ? Mal je parie.

Refaites l’exercice avec la phrase suivante :

« ça va plutôt bien »

Que reste-t-il cette fois-ci? Quelle sonorité résonne dans votre tête ? « Bien » ? Et comment vous sentez-vous ? Bien ?

Dans le premier cas vous avez reçu un message inconscient négatif. Dans le deuxième, un positif. Et pourtant les deux phrases ont la même signification.

L’inconscient[2] est littéral, et ne connaît pas la négation. Bien c’est bien, mal c’est mal. Alors bien sûr nous avons appris en 4e l’art de la litote. Mais dire à son amant « vas, je ne te hais point », ce n’est pas du tout la même chose que de lui dire « vas, je t’aime ». Décrypter une litote fait appel à un processus conscient relativement lent. L’inconscient sera allé beaucoup plus vite, et même une fois contredit par la compréhension consciente, il gardera la coloration négative en mémoire.

Encore une chose : si vous parlez à l’inconscient de vos interlocuteurs, vous parlez aussi au vôtre. En n’utilisant que des mots à connotation positive, même assortis d’une négation, vous offrez un bain de bien-être à votre esprit autant qu’à celui des autres. Vous voulez essayer ?

Exercice n°10 : faites du bien à votre esprit

L’exercice consiste à n’utiliser que des mots à connotation positive, pendant un laps de temps que vous décidez et mesurez. Vous pouvez commencer par une heure, puis augmenter jusqu’à tenir une journée entière. Répétez l’exercice autant que possible. Au début, vous vous reprendrez beaucoup, c’est normal. Mais vous allez progressivement augmenter votre vocabulaire positif et le cercle vertueux se mettra en place. Vous constaterez vite un effet apaisant mais aussi sécurisant, vous sentirez votre confiance en vous et en la vie augmenter, ainsi que chez ceux à qui vous vous adressez sur ce mode (beau défi pour des parents !), quelle que soit la situation. Et vous y reviendrez sans cesse.

Exemple :

Je me suis levée fatiguée par ce changement d’heure. J’ai tenté de faire du sport mais j’ai abandonné au bout de 10 mn. Il fait froid et humide, le ciel est gris, j’ai l’humeur en berne. En plus la situation m’inquiète beaucoup. (à écrire ceci, je sens l’angoisse monter)

Version positive (observez, je dis la même chose)

Je me suis levée pas assez reposée avec ce changement d’heure. J’ai tenté de faire du sport mais je suis finalement restée tranquille au bout de 10 mn. Il ne fait ni chaud ni beau, le ciel n’est pas bleu, et je ne suis pas de bonne humeur. En plus, je ne suis pas rassurée par la situation.

Remarquez que si la signification n’est pas réjouissante, la 2e version est tout de même beaucoup moins anxiogène. Alors allez-y, et la prochaine fois que vous voudrez aider quelqu’un ou le prévenir d’un danger, ne lui dites pas « c’est très difficile », ou « tu vas tomber », mais …


« C’est pas facile », « reste bien stable » (« tu vas tomber » est un bon moyen de faire tomber quelqu’un. L’inconscient l’enregistre comme une chose certaine.)



[1] Je renonce à l’écriture inclusive, qui rend la lecture trop peu fluide. J’utiliserai désormais indifféremment le masculin et le féminin, de façon aussi égale que possible.

[2] J’emploie le mot « inconscient » dans le sens que lui donne aujourd’hui les neuroscientifiques, à savoir l’ensemble des opérations cérébrales qui ont lieu en dessous du seuil de la conscience.

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