Enfants pour tous : quelle perspective ?

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Dans un article précédent intitulé « Changez de perspective ! », que je vous recommande de lire avant celui-ci,  j’explique que la perspective selon laquelle on regarde un sujet peut diamétralement changer la façon de le traiter.

Appliquons ce principe au mariage homosexuel :

Perspective n°1

Le mariage pour tous, je suis plutôt contre. Pas vraiment contre le mariage, qui me laisse indifférente, mais contre l’idée qu’il en sera tôt ou tard issu des enfants « légaux », via adoption, PMA, GPA (sigles glacés qui recouvrent une réalité très humaine, chacun des protagonistes, donneur, receveur, mère porteuse, enfant, parent, étant à chaque instant profondément touché par la démarche). Et c’est là le véritable enjeu évidemment.

Je crois que si la nature a prévu un homme et une femme pour faire un enfant, ce n’est « pas pour rien ». L’appartenance à l’un ou l’autre sexe est un élément fondamental de construction de l’identité et seule la présence d’un référent masculin et d’un référent féminin permet à l’enfant de se construire par opposition et par identification. Etre élevé par deux personnes du même sexe ne peut-être que déséquilibrant pour un petit humain. C’est tellement évident qu’on se demande comment on peut même en débattre.

Perspective n°2

Mais si je change de perspective et que j’observe que de tout temps l’homme a cherché à se rendre indépendant de la nature, par exemple par le mariage, qui n’a rien de naturel, mais est bien au contraire la marque de la volonté de l’homme d’organiser la société de façon très différente de ce qu’a initialement prévu la nature, je me dis que continuer à chercher à évoluer en dehors des « lois naturelles » n’a rien de choquant ou d’immoral, mais est sans doute au contraire la marque même de l’humanité ; mes croyances antérieures sont remises en question.

Perspective n°3

Ou d’autre part si j’observe que la nature n’a pas l’air si péremptoire sur la nécessité d’un mâle et d’une femelle pour élever les petits – sans être spécialiste de la question, il me semble que dans la nature très peu de pères restent auprès de leur progéniture. Le roi de la jungle est bien élevé par une sorte de horde de femelles, ce qui ne l’empêche pas le cas échéant de devenir un mâle dominant – tiens, je pourrais me dire que même les « lois naturelles » ne sont sans doute pas si formelles que ça.

Voici 3 perspectives sur le même sujet. Il n’est pas encore réglé, mais observons comme le champ des possibles s’est élargi.

Tentons une 4ème perspective :

Elevons-nous maintenant par la « politique de l’hélicoptère » et observons ce sujet de plus haut pour avoir un panorama complet. Que voyons-nous ? L’homosexualité est une réalité, les couples homosexuels trouvent les moyens, même illégaux, d’avoir des enfants, ces enfants vont avoir à souffrir de ne pas être reconnus et intégrés à la société.

Quelle est notre aspiration profonde ? Si elle est d’offrir à nos enfants (et à nous-mêmes) une société en paix avec elle-même, confiante, optimiste et solidaire, dans laquelle tous naissent libres et égaux en droit, notre devoir n’est-il pas de sortir du clivage « pour ou contre » et de faire preuve de créativité en inventant la société capable d’accueillir avec générosité et bienveillance tous les êtres humains ?

L’heure est alors à l’inventivité. Le Conseil Constitutionnel nous a rappelé les nombreux impacts de l’adoption du texte de loi, il nous faut donc désormais retrousser nos manches pour parvenir  à donner à chacun une place dans la société. Le droit de vote des femmes ou la dépénalisation du divorce ont sûrement en leur temps soulevé des questions qui ont semblé d’abord insurmontables, mais les solutions ont été trouvées.

Et n’oublions pas qu’autour de nous de nombreux pays ont légiféré sur la question parfois plusieurs décennies avant nous. Nous avons donc là des exemples et un recul certainement riches d’enseignement.

Perspective historique

Qui voulons-nous être aux yeux de nos petits-enfants? Ceux qui ont permis aux enfants d’homosexuels de s’insérer dans la société et de bénéficier des droits offerts à tous les autres enfants (n’oublions pas qu’il n’y a pas si longtemps un enfant né hors mariage n’avait pas les mêmes droits, était une sorte d’enfant, donc d’être humain, de deuxième catégorie)? Ou ceux qui auront reculé devant les remous annoncés et laissé de côté une partie de la population,  que tant d’autres peuples ont accueilli ? Ou encore ceux qui auront trouvé une voie particulièrement créative pour relever les défis que la culture impose à la nature? Ou encore…?

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