L’hiver sans saboteur

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Je vous ai déjà parlé de la légèreté du printemps (https://www.paulinecharneau.com/a-tribute-to-ella-f)/, de l’intensité de l’été (https://www.paulinecharneau.com/belle-ete-a-tous/), de l’énergie de l’automne (https://www.paulinecharneau.com/quand-je-serai-grande/) mais jamais encore de la tendre promesse de l’hiver.

Comme une promesse

 Le voici apparaissant à pas de loup, hésitant, inquiet. La tour Eiffel a la tête dans la brume certaines nuits et renaît dans son entière splendeur au matin. Des trombes d’eau s’abattent ça et là, encore automnales. Les rues se sont parées de leurs décorations clignotantes comme pour attirer le froid qui tarde à venir. Mais enfin les prémices sont là, nous avons eu froid quelques jours, et les bonnets et les écharpes sont enfin venus transformer l’hiver en aventure.

Cette grisaille gelée, typique du nord de l’Europe auquel Paris semble bien appartenir (de ce point de vue-là au moins) peut sembler bien triste à certains. A moi pourtant, elle chante en sourdine un petit air joyeux. Réminiscence de mes noëls d’enfant, borne d’arrivée d’une année qui se termine, creux qui annonce un sommet, elle comprime en elle bien des promesses, et promet bien des élans.

 

Bien sûr elle nous exhorte à la passivité, décourage le mouvement, mais fait naître autre chose, de plus intime et aussi plus profond. Ce n’est pas la folle légèreté du printemps qui pourtant viendra vite ni la lumière éclatante de cet été qui fait tout advenir, mais dans sa pénombre, l’hiver prépare la vie. Cette fatigue, ce ralentissement, cette envie de se blottir au chaud semblent là pour mieux nous forcer à nous reconstituer, à nous recentrer sur nous-même, à nous nourrir pour laisser exploser plus tard l’énergie accumulée.

 La saison de la bienveillance

 Pour cela, il faut vivre ces mois froids avec bienveillance et amour. C’est à cela que je voudrais vous convier aujourd’hui.

Et je vous propose de commencer par vous-même. Parce qu’il fait froid, que les journées sont courtes, que le réveil est douloureux pour nombre d’entre nous, parce que notre corps voudrait s’endormir quand la nuit tombe pour ne s’animer à nouveau qu’à la réapparition de la lumière, quand nous le forçons à se mouvoir dans l’obscurité qui l’accueille au réveil et qui sera encore là de longues heures avant le coucher, pour cela, soyons doux avec lui.

Mais aussi parce que, chrétien ou pas, cette période de l’année porte l’espoir d’une naissance, et que, bien avant celle du Christ, était célébrée, au solstice d’hiver, celle de l’année à venir. Parce qu’au plus profond des ténèbres, on fêtait déjà il y a 2000 ans la lumière à revenir et le blé qui en germerait, et qu’aujourd’hui encore, on trouve sur certains marchés de France, à Noël, des petits pots de grains de blé prêts à germer qui porteront bonheur à leurs acquéreurs.

Pour cet espoir à faire naître, pour cette esquisse à réchauffer, pour tout ce qui s’annonce de si prometteur mais d’encore si fragile, c’est le moment de déployer sa tendresse et sa douceur.

C’est le moment de se lover dans un gros pull, de faire crépiter les bûches dans l’âtre, de faire fondre du chocolat dans un bol de lait chaud, d’écouter des crooners nous susurrer des chants de Noël ou nos enfants s’entraîner à jouer « vive le vent » au piano, de décorer le sapin, de planter des clous de girofle dans les oranges, de fabriquer des petits sablés à décorer de perles de sucre, de faire des collages des cadeaux dont vous rêvez, mais surtout, de veiller sur vous-même avec bienveillance.

 Pas de place pour le saboteur au pied du sapin

C’est le moment de regarder votre saboteur en face et de le sommer de quitter les lieux, le moment de voir tout ce qui porte en vous les germes de votre grandeur, d’entreprendre cette chose qui vous fait si peur et si envie en même temps. Et de le faire avec simplicité et courage, en croyant à votre rêve et en le nourrissant de votre chaleur, en le prenant par la main pour qu’il reste tout près de vous. Le sentez-vous ?

S’il est encore un peu désincarné, flou, lointain, étoffez le d’abord. Peut-être lui avez-vous (malgré mes recommandations https://www.paulinecharneau.com/2014/06/05/oser-rever/) accordé tellement peu d’attention récemment que vous l’avez perdu de vue, que vous ne savez pas où le dénicher, que peut-être même vous ne le reconnaîtriez pas si vous veniez à le croiser.

Alors il vous faut aller chercher, dans le grenier de votre mémoire, les souvenirs qu’il y a laissés. Et petit à petit, le voilà qui reprend visage et corps, que ses couleurs se précisent, que sa musique se fait entendre. Approchez-vous doucement, observez-le, gravez ses traits dans votre esprit et dans votre coeur, apprivoisez-le à nouveau s’il était revenu à l’état sauvage. Là. Maintenant prenez-lui la main et ne la lâchez plus. Demandez-lui de vous accompagner désormais en tout lieu, et faites en sorte qu’il soit à vos côtés pendant ces longues nuits d’hiver.

Mais voyez aussi que pour vous assurer de sa présence, il vous faut sans doute faire quelques sacrifices, renoncer à l’une ou l’autre fantaisie, accepter certaines contraintes. Et pour être sûr que ce n’est pas votre saboteur qui reprend la main, qui tente de vous éloigner de votre rêve, vérifiez que vous vous en rapprochez bien par vos petits renoncements, que vous donnez ainsi à votre vie un sens qui lui manquait peut-être un peu.

Alors vous sentirez votre Grand Moi s’étirer et sourire. L’hiver lui convient bien, pour prendre des forces avant l’été. Bel hiver à tous !

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