J’ai juste envie de chialer

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Trouvé cette vignette ce matin à l’allumage de mon téléphone. Ça tombait bien, je chialais. Et j’en ai entendu d’autres, ensuite, à la radio, chialer. Des grands, des forts. C’était la première fois que j’entendais, que je recevais tant d’émotion, de peine, à travers un media.  Depuis hier dans ma poitrine, dans mon ventre, une masse sombre et glauque, mouvante, oppressante, me parle du courage que je n’ai pas, de peine infinie, de traumatisme individuel – perdre un être cher, certes, mais comme ça ! J’ai la lâcheté d’éviter de convoquer les images atroces du spectacle de ces corps, je ne prétends pas ressentir l’horreur des proches, mais disons que je perçois de quoi elle peut être faite, que j’imagine le sommeil hanté de cauchemar qui les attend pour longtemps, l’effroi glaçant, la perte de repère, de sens.
Pour les autres, pour moi, reste un magma qui parle de détresse, d’angoisse, de folie – mais aussi, bien sûr, de beauté – humaine, de rage, de révolte, de besoin d’amour, d’envie de serrer dans ses bras ceux qui nous sont chers, d’envie de croire encore, d’envie de ne pas sombrer, mais aussi de hurler, de mordre, de griffer, de taper. Un bouillonnement auquel il est difficile de donner un sens, qui suinte à travers nos cuirasses et qui nous donne juste envie de chialer. Nos larmes n’y pourront rien changer, je forme seulement le vœu qu’elles lavent nos yeux et nous permettent, plus tard, de voir clair, et de remettre en selle la bonté et le rire qu’incarnaient ces hommes.

JE SUIS CHARLIE

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