C’est une petite fée

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C’est une petite fée. Légère, gaie, active, bienveillante.

Légère, bien plus légère que moi, presque comme un enfant, et comme un enfant elle ne se déplace qu’en sautillant, dans un mouvement bien plus rapide que mon pas parfois fatigué, et toujours ralenti par mes pensées, mes paquets ou mes souliers. Elle va pieds nus, mais ses pieds restent doux. Elle n’est habillée que d’une robe légère qui virevolte, mais elle n’a jamais froid.

Gaie, plus que notre vie bien sérieuse ne nous en donne l’habitude, elle a le sourire aux lèvres, parfois simple esquisse, parfois au bord du rire, qui, quand il éclate, n’est jamais ironique, mais l’expression d’un trop plein de joie qui jaillit et illumine, en petites étincelles dorées, ceux qui la croisent.

Active, rien ne l’effraie, rien ne l’arrête. Mon rythme placide parfois l’étonne. Elle fait, elle combine, elle déplace, elle organise. Les choses prennent forme entre ses mains, les objets naissent, les situations se créent, les gens se rencontrent.

Et bienveillante, elle s’ouvre à tous et croit en tous, quand bien souvent je juge, je classe et j’estampille. Avec elle chacun s’ouvre et dévoile, à lui-même et aux autres, le meilleur de sa personne.

Et tel un personnage mythologique, elle prend les formes qui la servent : parfois chêne puissant, elle prend racine loin dans la terre et sa sève nourrit un corps massif et de longues et nombreuses branches. A son pied une herbe dense et tendre, et la voilà abri, lieu de repos ou de méditation, source d’énergie.

Aussi colonne de feu, elle réchauffe mon corps. Feu ami, qui ne brûle pas mais décuple mes forces.

Orchestre symphonique, elle joue mes opéras préférés jusqu’à ce que je me mette à danser, à chanter, et que le gris du ciel soit effacé.

Danseuse étoile, la perfection de son geste, la précision inouïe de son corps, maîtrise absolue qui crée la beauté absolue, me soulèvent, me ravissent, me donnent foi en la vie.

Elle est bien sûre jalousée, guettée par les importuns, son chemin est semé de chausse-trappes. Elle est merveilleuse mais menacée. Parfois, fatiguée, elle se retire ; cela peut-être très loin comme tout près, pour quelques secondes ou quelques années. Mais je commence à la comprendre, à savoir comment la faire revenir. Elle m’échappe encore parfois, n’est-ce pas le propre des fées ?

Vous avez compris que son pire ennemi était mon saboteur, et qu’elle était mon Grand Moi.

A vous !

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