Belle été à tous!

Qu’est ce qui nous occupe tant à l’idée des vacances d’été qui, depuis l’enfance, et qu’elles durent deux jours ou deux mois, provoquent en nous une sorte de nostalgie prospective, oxymore idéal pour dire cet étrange état ?

C’est que loin d’être vacants, il me semble au contraire que ces moments sont d’une densité exceptionnelle, comme cette sorte de matière qui a précédé l’expansion de l’univers. A partir de l’été va se créer un nouveau monde qui s’épanouira tout au long des saisons suivantes et livrera un nouvel être à l’été en gestation. Le cycle commence et finit en été.

Il est amorcé par les émotions de l’été, saison maîtresse en la matière : les sens saturés par le bleu cristallin d’un ciel lessivé par le mistral, par un soleil brutal, sans filtre, par la rengaine des cigales et la charpente des vins du sud. Mais aussi, et surtout, le cœur et l’esprit en sur-régime. Echanges nocturnes avec les « enfants », très jeunes gens qui commencent à entrevoir la vie d’adulte et en sont parfois désarçonnés, étonnés, désorientés, et aiment venir au port des aînés chercher un peu d’abri ; échanges matinaux avec les premiers levés qui, à la fraîcheur du jour encore jeune, aiment à rêver un nouveau monde ou à confesser leurs lassitudes ; échanges de toutes les heures et de tous les âges, à l’ombre des pins, dans une langueur qui libère l’esprit et le laisse explorer des chemins encore vierges. C’est là qu’on ose penser l’impensable, esquisser une vie plus vraie, planter les graines de nos nouveaux rêves.

Si vacances il y a, ce sont celles de la raison raisonnante, de l’ordre social, du devoir de faire. Et sans cette absence de brides, sans cette audace onirique, rien ne serait possible à l’automne. L’été est la matrice de notre être futur, choyons-le comme une femme enceinte, rêvons de ce qu’il porte en ses flancs. D’ailleurs l’été devrait être féminin, une été, et on lui trouverait des origines mythologiques pour l’élever au rang des divinités.

Alors belle été à tous !

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