2016: en route vers le présent!

Vous avez tous en tête un film ou un roman dans lequel le héros a la possibilité de retourner dans le passé et de modifier le cours de son histoire. L’idée peut sembler très tentante, comme celle de « recommencer à zéro », comme quelqu’un m’a dit le souhaiter récemment. Dans les deux cas, il s’agit d’effacer ce qui a réellement été, de le renier en quelque sorte.

Pour 2016, c’est le contraire que je vous propose.
D’abord parce que retourner en arrière ou effacer ce qui a été n’est pas possible. Ce n’est pas une raison mineure. Je vous ai toujours recommandé de rêver à des choses possibles. (voir Oser rêver). Entretenir des regrets ou des rancoeurs ne permet rien, ne panse pas les plaies encore ouvertes, ne dissimule pas les cicatrices, et n’empêche pas de nouvelles blessures. Cela en crée plutôt de nouvelles, nées de ces pensées à la fois néfastes et impuissantes. Donc cela devrait suffire pour cesser de rêver à corriger le passé.

Mais je voudrais même vous proposer d’accorder à votre passé toute la reconnaissance qu’il mérite, vous permettant ainsi d’aller de l’avant avec sérénité pour cette nouvelle année, et de créer fièrement un présent qui sera bientôt un passé formidable.

Voyons : les plus épanouis d’entre vous doivent de temps en temps penser que s’ils avaient fait autrement, s’ils avaient saisi cette opportunité, s’ils n’avaient pas pris cette décision malheureuse, …, leur vie en aurait été plus réussie.
Et pourtant rien n’indique que la suite aurait été plus belle. Car les ratages, les échecs, sont un formidable terreau. D’abord parce qu’ils nous poussent à rebondir, nous font découvrir en nous des trésors d’inventivité ou de combativité, qu’ils nous permettent de devenir meilleurs. Parce que sans eux nous n’apprendrions rien : un enfant qui ne tombe pas n’apprend pas l’équilibre, un pianiste ne jouera sans erreur une sonate de Mozart qu’après de longues répétitions, une allergie ne se découvre pas sans une poussée d’urticaire, on ne devient un bon négociateur qu’après avoir perdu au moins une fois la partie, on n’apprend à soigner ses enfants qu’en se trompant de diagnostic, il faut avoir été trahi plusieurs fois pour se méfier du traître…
Les taoïstes pensent que la vie nous envoie plusieurs fois la même épreuve parce qu’il est impossible de trouver la bonne solution avec un seul essai, et je me souviens de ce moniteur d’équitation qui nous répétait que nous ne serions de bons cavaliers que quand nous serions tombés de notre cheval 77 fois.
L’échec, l’erreur, ont donc des vertus. A une seule condition, mais de taille : en tirer un enseignement. En profiter chaque fois pour monter une marche, élargir son horizon, renforcer ses capacités.

Une troisième raison pour laquelle la correction du passé n’aurait pas de sens : ce que nous considérons parfois comme un parcours chaotique nous a pourtant mené, à sa façon, à ce que nous avons réalisé de plus grand, et à nos plus belles rencontres :
Un engagement pour une cause à laquelle nous avons ensuite cessé de croire peut avoir été l’occasion de découvrir des gens merveilleux ; une erreur d’orientation professionnelle la base d’une nouvelle perspective; une rupture amoureuse le ferment d’un nouvel amour ou la libération d’une énergie et d’une créativité mises auparavant sous le boisseau. Une œuvre ratée peut être à l’origine d’une nouvelle technique qui, elle, mènera au chef-d’œuvre ; une vie de couple médiocre peut être le refuge d’un épanouissement artistique; une démission un peu trop vite donnée le tremplin vers une nouvelle vie ; une perte d’argent l’occasion de renouer avec une simplicité qui commençait à faire défaut ; …  La liste est sans fin et je vous engage à la compléter de vos propres expériences.

L’enchainement de causes et d’effets est bien trop complexe, et ces causes et ces effets bien trop nombreux, pour prétendre s’en assurer la maîtrise. C’est l’interaction de tous et de tout qui fait nos vies, et nul ne peut s’extraire de cette loi pour dominer l’avenir.

Mais ce qui nous rend plus ou moins doués pour la vie, c’est notre capacité à accepter cette multiplicité et cette complexité, et notre impuissance parfois, sans en faire une source de frustration ou de vain combat.
C’est dans le cadre de cette contrainte que nous avons à jouer notre partie. C’est là que le talent de chacun entre en jeu et que la créativité prend tout son sens. Ce n’est qu’au présent que nous pouvons mener notre vie.

Je vous souhaite donc de passer cette année et toutes celles qui suivront
à créer un présent merveilleux, fait de succès et d’échecs,
que votre talent unique transformera en une vie riche et épanouie.

Très bonne année 2016 !

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